Les quatre singles de 4:13 Dream
Un single extrait de 4:13 Dream sortira chaque 13e jour des mois de mai, juin, juillet et août 2008. Ainsi a a décidé Robert Smith. Un quarté complété en septembre par la sortie d'Hypnagogic States, un EP de remixes qui, à n'en pas douter, s'annonce hautement dispensable (pour ne pas dire sans aucun intérêt). Et si on se penchait un peu sur ces 4 singles ?
Single #1 | THE ONLY ONE
13 mai 2008
Alors voilà… Le nouveau single des Cure est sorti… Son titre ? « The Only One ». Assorti d’une face B inédite, « NY Trip », ce nouveau titre est loin d’être une réelle surprise puisque il fut joué à chaque concert (ou presque) lors de la tournée européenne. Mais si chacun a eu le temps et le loisir d’écouter différentes versions live de « The Only One », peu d’entre elles proposaient une qualité audio suffisante pour pouvoir vraiment se faire une opinion. C’est donc avec un grand plaisir, et une petite excitation, que l’on insère le CD dans la platine. Sans compter que cela faisait 4 ans que le groupe n’avait rien sorti de « neuf » !
Précisons avant toute chose que cette version de « The Only One » est différente de celle que nous retrouverons au mois de septembre sur l’album. Et il en sera de même pour les 3 autres singles à venir, chacun portant la mention « 13 mix ».
Et donc qu’en est-il ? Et bien pas grand-chose de transcendant finalement. Le morceau est bon, la mélodie est efficace et vous reste en tête. Mais pour ce qui est l’originalité, faudra repasser… Alors bien sûr c’est un single et comme toujours on n’échappe pas au squelette « couplet / couplet / refrain / couplet / refrain ».
Mais ce qui est gênant, c’est qu’on ressentirait presque de la frustration à l’écoute de « The Only One ». Car comment ne pas être charmé dans les premières secondes par ce petit arpège de guitare et cette basse métallique. Mais il manque quelque chose… Ou plutôt il y a quelque chose en trop… Et peut-être faut-il chercher du côté de la batterie. Jason Cooper est devenu un très bon batteur, c’est son patron qui le dit. Et c’est bien là que le bât blesse : il en fait beaucoup trop ! Imaginez « The Only One » avec un rythme simplifié (sans notamment les roulements sur les toms qui reviennent à chaque mesure…) et vous avez certainement une chanson pop beaucoup plus efficace. A trop vouloir en faire…
Frustration donc car si le morceau est dans son ensemble assez agréable à écouter, on ne peut s’empêcher de penser que Robert Smith est passé à côté d’un single pop presque imparable, que même les « non-fans » pourraient avoir envie d’acheter (mais est-ce vraiment là le désir de Smith ? Pas sûr…)
Frustration également côté paroles, et ce même si nous autres francophones sommes plus sensibles aux sonorités et autres aspects mélodiques. Pendant de longs mois, Smith a eu de gros problèmes d’écriture, les justifiant par son désir de trouver les mots justes, ceux correspondant parfaitement à son état d’esprit du moment. Or faut-il vraiment se creuser le ciboulot pour pondre « Oh I love, Oh I love, Oh I love / What you do to my head / When you pull me upstairs / And you push me to bed / I love what you do to my head / It’s a mess up there! » ? Assurément oui pour le commun des mortels mais certainement pas pour Robert Smith, qui est (était ?) avant tout un brillant songwriter.
Et quid de « NY Trip », face b inédite ? Pour ce nouvel album, Smith a pioché dans ses vieilles démos et nul doute que « NY Trip » fait partie de celles-là. Comment ne pas penser aux Cure période 84/85 avec ce titre ? Et bien malheureusement cette chanson aurait dû rester dans les cartons : absence cruelle de relief, mélodie décousue, batterie une fois de plus trop présente, arrangements horripilants… Très confus tout ça…
Peut mieux faire…
Single #2 | FREAKSHOW
13 juin 2008
Second single de la série, « Freakshow » et sa face-b « All Kinds of Stuff ». Tout comme « The Only One » sorti le mois dernier, « Freakshow » n’est pas une découverte inédite puisqu’il a été joué sur la tournée européenne (et maintenant américaine). Les premières impressions, si vous avez eu la chance d’assister à un concert du 4 World Tour ou si vous avez eu un enregistrement audio entre les oreilles, sont mitigées… Jouée pendant le rappel pop, « Freakshow » était généralement intercalée entre « Let’s Go To Bed » et « Close To Me ». Et quelle déception… pendant « Freakshow », l’ambiance retombait à chaque fois de plusieurs niveaux… Ce qui ne pouvait que nous donner espoir quant à la future version studio, que ce soit pour le single (mix 13) que pour l’album. En effet, cette chanson était à ce point pénible en live que ça ne pouvait être pire sur CD…
Et effectivement, dès les premières notes, la chanson est efficace, le riff terriblement accrocheur. Avec « Freakshow », Robert Smith retrouve son âme d’adolescent boutonneux. Comment ne pas faire le lien avec l’album « Three Imaginary Boys » (1979) et ses chansons pop punk minimalistes ? Nul doute que « Freakshow » aurait pu y figurer, à quelques détails près… En fait, c’est une bonne, voire une très bonne chanson qui nous replonge avec délectation dans le passé de The Cure tout en nous proposant autre chose qu’une vieille chanson arrangée.
Contrairement à l’album « The Cure » (2004), Robert Smith s’est réconcilié avec les effets sur sa voix et pour « Freakshow » c’est une réussite. Même la batterie de Jason Cooper, d’ordinaire dégoulinante, se calme un peu et laisse aller la mélodie. Et que dire de cette ligne de basse, vintage à souhait mais tellement bonne ! Le seul carton rouge serait à adresser à Porl Thompson qui plombe par moment le morceau : ses petits riffs incisifs sont très bien trouvés par contre il aurait pu se dispenser du solo wah-wahesque sur les refrains qui sonne superbement cheap et lourdaud.
« All Kinds of Stuff » aurait pu être une grande et belle face-b. Mais elle ne l’est pas. La faute aux arrangements fouillis. Les effets sont partout et écrasent avec lourdeur une mélodie que l’on a du mal à deviner parmi cette jungle de sons. Smith aurait pu choisir la simplicité mais au lieu de cela, il a fait le choix de nous en mettre plein les oreilles. Mauvaise pioche Bob ! Comme à l’accoutumée le duo Thompson/Cooper en fait des tonnes : solos par ci, roulements par là… Seul Gallup (et sa basse dans le plus pur esprit Cure) et la voix de Smith tirent leurs épingles du jeu. Un bravo également au riff furtif de guitare sur le refrain, simplissime mais génial. Malheureusement, il s’estompe assez rapidement…
Un mot sur les paroles, qui furent décevantes sur « The Only One / NY Trip ». Sur « Freakshow / All Kinds of Stuff » c’est beaucoup beaucoup mieux ! On retrouve enfin la créativité et l’excentricité de Robert Smith, comme par exemple sur ce couplet de « All Kinfs of Stuff » : ALWAYS INFRADIG / HER FINISHING MOVE / UP AND DOWN IN BLACK / SOFT SHINY AND SMOOTH / LOOKS LIKE THE ALIEN CROWD GOT GROOVE / SHE CUTS A NUMBER OUT MY ARM / BUT I CAN NEVER GET THROUGH
On est sur la bonne voie !
Single #3 |Sleep When I’M Dead
13 juillet 2008
3e chapitre de la saga estivale des singles, « Sleep When I’M Dead » est, tout comme ses prédécesseurs, connu des fans puisque largement joué sur la tournée. Restait à savoir si la version « mix 13″ allait séduire. Et la réponse serait plutôt oui. La production est plaisante et même si le titre ne brille pas par une grande originalité mélodique, on se laisse embarquer par la voix de Smith. Surtout, alors que l’instrumentation paraît simple, de nombreuses petites touches sonores enrichissent considérablement la chanson, telles ces quelques notes de piano évanescentes et discrètes. Seul bémol (encore !) le son de guitare de Porl Thompson qui remet une couche de wah-wah saturée. Heureusement que Gallup et une ligne de basse terriblement accrocheuse (et terriblement Cure) viennent en renfort.
A l’image de « A Pink Dream », face B de « Mint Car », « Down under » est une chanson pleine d’énergie et rafraîchissante. Une ligne de chant légère, une guitare virevoltante et tutti quanti : il n’en faut pas beaucoup plus pour obtenir une face B excellente. Mention très bien ! Et merci à Porl Thompson d’avoir rangé sa wah-wah au placard !
Single #4 | THE PERFECT BOY
Ultime étape de cette chevauchée nous menant au mois d’octobre ( puisque entre temps nous aurons droit à un incontournable et nécessaire mini EP de remixes…) « The Perfect Boy » est sans conteste le single le plus attendu. Car de tous les nouveaux titres joués live (hormis « Underneath the Stars » hors catégorie…) ce fut celui qui séduisit le plus. L’attente d’une version studio n’en fut que plus longue. Et donc en vaut-il la chandelle ? Assurément oui. « The Perfect Boy » décroche la médaille d’or (actualité quand tu nous tiens) du meilleur single 2008. Une intro toute en douceur, une voix qui perce et surtout cette basse abyssale qui rejoint le son pur d’une batterie pour une fois réduite à sa plus simple expression. Argh ! Que la musique est simple parfois… Même Thompson s’est souvenu qu’une wah-wah peut parfois vivre sans une distorsion… Les paroles sont à la hauteur de tout le reste : pile poil dans le juste. Rien de très élaboré, on est loin des lyrics torturés et délicieusement difformes de l’album « Pornography » (par exemple…) mais Smith fait mouche. Il est vrai qu’il est capable de recycler à l’infini (ou tout du moins en a-t-on l’impression…) les thèmes qui lui sont chers. Love, love, love…
Entame acoustique pour « Without You » qui n’est pas pour déplaire. Car cela reste un plaisir, tendant à se raréfier, d’entendre la six cordes de Smith. Prix du jury pour Thompson et sa guitare joliment orientale. « Without You » n’est pas à proprement parler un chef d’œuvre mais c’est une très belle comptine pour grandes personnes. Certes le chant est parfois déroutant mais ces quatre minutes de Cure sont un vrai petit bonheur.