The Cure intronisé au Rock n’Roll Hall of Fame
Comme convenu, The Cure a fait son entrée au Rock n’Roll Hall of Fame le vendredi 29 mars au cours d’une cérémonie en grandes pompes très (trop ?) américaine. Un hommage qui s’est déroulé dans une ambiance un peu bizarre.
Robert Smith ne s’en est jamais caché : les hommages et autres cérémonies ne sont pas sa tasse de thé. Et pourtant, les 5 membres actuels de The Cure, mené par un Robert fidèle à sa ligne vestimentaire habituelle, étaient bien présents ce vendredi 29 mars 2019 à Brooklyn pour être officiellement intronisés au Rock n’Roll Hall of Fame. Et c’est dès le début de ce grand barnum médiatique que le malaise s’est installé avec l’arrivée en ordre dispersé sur le tapis rouge de tous les invités de la famille Cure.
Car les anciens membres du groupe, ou en tout cas ceux dignes d’être invités (mais par qui ? Robert Smith ? L’organisation du RARHOF ?), étaient également présents. On en parlait au conditionnel depuis quelques semaines mais la soirée de vendredi est venue confirmer les rumeurs : Pearl Thompson, Perry Bamonte, Boris Williams, Michael Dempsey et Lol Tolhurst ont bien fait le déplacement.
Et ce fut Pearl Thompson le premier à passer sous les flashs des photographes. Suivi quelques minutes plus tard par Michael Dempsey, Lol Tolhurst, Perry Bamonte et Boris Williams. Et l’atmosphère est un peu étrange. On voit bien que les anciens sont un peu gênés par leur présence sur le tapis rouge, hormis Lol Tolhurst qui semble un peu plus à l’aise que ses camarades. Perry Bamonte semble vouloir fuir les questions en discutant en aparté avec Boris Williams. Il est même un peu surpris lorsque l’intervieweuse s’adresse à lui. Les mots qui reviennent le plus souvent sont « c’est une vraie surprise » et « on ne s’y attendait pas » etc etc. Bref, tout ça sonne un peu creux et facile.
Puis voici que s’avance The Cure dans sa version actuelle : Reeves Gabrels (initialement non convié mais finalement présent suite à l’insistance de Robert Smith auprès de l’organisation), Roger O’Donnell, Jason Cooper, Simon Gallup (qui semble s’ennuyer à un niveau olympique) et Robert Smith qui comme toujours se pose en leader (mais c’est tout ce qu’on attend de lui et les autres semblent très bien s’en accommoder) en répondant seul aux questions et en laissant les autres membres à l’arrière-plan.
S’ensuit un très beau moment de loose intersidérale pour Carrie Keagan, en charge de l’accueil et des questions aux invités. Elle s’adresse à Robert Smith qui vient d’arriver : "Oh mon dieu ! The Cure ! Robert Smith ! Êtes-vous autant excité que je le suis ?" , et Robert Smith de répondre "De la façon dont vous le dites, non" . Cette réplique savoureuse sera ensuite reprise et massivement partagée sur les réseaux sociaux et notamment sur Twitter par Tim Pope, Rob Williams, Tommy Lee et beaucoup d’autres.
Premier constat : la distinction entre les anciens membres du groupe et les actuels est clairement établie. Pas question de se mélanger… Mais difficile de dire à qui on le doit : Robert Smith ? L’organisation du Rock n’roll Hall of Fame ? On ne le saura sans doute jamais.
Une fois l’épreuve du tapis rouge passée, tout ce petit monde se retrouve dans la salle. Les uns et les autres sont dispatchés en 2 tables selon leur statut. Beaucoup sont venus accompagnés par leur moitié. On voit notamment Mary Poole et Cindy Tolhurst.
Puis vient le moment de l’intronisation à proprement parler avec l’intervention de Trent Reznor, leader de Nine Inch Nails.
Dans son speech, Trent Reznor livre une déclaration d’amour à Robert Smith et sa bande. Il évoque ses souvenirs et sa découverte du groupe à l’occasion de la sortie de The Head On The Door (1985) et comment il s’est connecté à sa musique et s’est senti moins seul au monde.
Jusqu’à ce que j’entende The Head on the Door, je ne réalisais tout simplement pas qu’il était possible d’écrire sur des choses aussi difficiles et profondes, et dans un contexte de chansons à succès qui pourraient même être diffusées à la radio et qui défient les normes.
Avant d’avoir un petit mot pour les fans du groupe :
Mais ils n’ont jamais manqué d’attirer des fans passionnés, intelligents et loyaux qui ont toujours su la vérité : The Cure est l’un des groupes de rock les plus uniques, les plus brillants et les plus touchants que le monde n’ait jamais connus.
Puis à l’invitation de Trent Reznor, Robert Smith investit la scène pour récupérer sa récompense et délivrer son speech de remerciement. Il remercie tout d’abord Trent Reznor en précisant que c’était un honneur de recevoir ce prix d’un artiste de son gabarit. On notera surtout qu’après avoir cité les noms des anciens membres de The Cure présents (et avoir également rendu hommage à Andy Anderson, disparu récemment), il a également rendu un hommage appuyé à Chris Parry, ancien boss du label Fiction et manager non-officiel des Cure, qui a su voir et révéler à la fin des années 70 tout le potentiel d’un trio d’adolescents banlieusards.
A l’issue de ce discours, les 5 membres actuels de The Cure restent alors sur scène pour un mini-concert de 5 titres incluant Shake Dog Shake, A Forest, Lovesong, Just Like Heaven et finalement Boys Don’t Cry.
Sur le choix d’ouvrir le set avec Shake Dog Shake, Robert Smith a indiqué que c’était un choix bizarre pour ceux qui ne connaissent pas The Cure mais assumé car il souhaitait ainsi rendre à nouveau hommage à Andy Anderson. La guitare de Smith arborait par ailleurs un sticker « Andy Anderson ».
Si en apparence la soirée semble s’être plutôt bien déroulée, on a pu noter quelques moments de tension et de gêne. Dans l’attitude des anciens membres tout d’abord, tel que précisé plus haut, et le fossé les séparant des membres actuels. Pearl Thompson, que Robert Smith a bien ignoré notamment sur scène au moment de recevoir son prix, a posté un message sur son profil Instagram (supprimé depuis) où il dit « Just watched the great hall of fame tribute band » (je viens de voir le magnifique Tribute Band du Hall of Fame). Seul Lol Tolhurst semblait à son aise et en mesure de faire le lien entre les 2 clans. On a également évoqué certaines photos de Mary Poole, compagne de Smith, qui aurait mis son artiste de mari en pétard... Petite mise à jour : il semblerait que ce soit l'amie de Roger O’Donnell qui ait pris ces photos, contrevenant aux directives de Robert Smith…
Bref l’ambiance était un brin bizarre. Robert Smith lui-même, qu’on sait (normalement) peu sensible à ce type d’événement, semblait parfois se demander ce qu’il faisait là. Il a tout de même indiqué en conférence de presse, après la soirée, qu’accepter cette intronisation au Rock n’Roll Hall Of Fame était en un sens logique puisque beaucoup de ses idoles en font déjà partie.
Quoi qu’il en soit, on préféra retrouver le groupe sur une « vraie » scène, dans un premier temps pour les festivals de cet été puis pour des concerts anniversaires pour honorer Disintegration (sorti en 1989) et enfin pour une (éventuelle) tournée en soutien du nouvel album à venir.
A noter enfin qu’en marge de cette soirée, Robert Smith a apporté quelques précisions bienvenues quant à ce nouvel album.