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The Cure en concert au Troxy : la chronique

Dire que ce show de The Cure au Troxy était attendu est un doux euphémisme... Pour preuves une billetterie sold out en quelques secondes et des tentatives désespérées de quelques-uns pour trouver des places à la sauvette directement devant la salle. Les 3 100 chanceux ayant réussi à obtenir un ticket (ou à être invité...) avaient bien conscience d'être des privilégiés. Récit d'une soirée qui restera dans les mémoires...

Il est un peu plus de 16h ce vendredi 1er novembre lorsque la façade du Troxy apparaît au coin d'une rue. Le ciel est gris et la température plutôt fraîche. Bref... un temps typiquement londonien. Résolument Art Déco, il émane du bâtiment une certaine élégance qui n'est pas sans rappeler le Chicago des années trente. Du moins dans mon imaginaire... Et alors que je prends la photo ci-dessous, je vois qu'une autre personne fait exactement la même chose. Elle me regarde, me sourit et me demande si je vais au concert. Et c'est ainsi que je fais la connaissance de Barbara, Irlandaise arrivée la veille, qui a réussi - et c'est toujours un mystère pour moi car avant d'être invité j'ai bien sûr tenté comme tout le monde d'acheter mes places - à décrocher le précieux sésame lors de la vente en ligne quelques semaines auparavant. Et à ce propos, saluons la volonté de Robert Smith d'offrir le concert aux absents grâce à la retransmission en direct sur You Tube. Car il le savait : beaucoup de fans allaient tenter d'acheter un ticket pour une salle de seulement 3 100 places (dont un tiers d'invités), sans succès, et que ça allait générer une grosse frustration. Cette vidéo reste quand même un superbe lot de consolation, car j'ai trouvé le concert extrêmement bien filmé avec un son irréprochable.

Mais je reviens au soir du show... De part et d'autres de l'entrée, 2 queues de fans, la plupart vêtus de noir et certains très goths, se sont formées. Et alors qu'il faut faire un choix pour rejoindre l'une ou l'autre, Barbara me demande "Which one ? Left or right ?". Allons-y pour la gauche... Nous nous dirigeons alors tous les deux dans la même direction. Sans le savoir, je viens de trouver la personne avec qui je vais passer les deux prochaines heures à attendre que les portes s'ouvrent. Et à ce propos, je suis toujours étonné et fasciné de voir avec quelle simplicité les liens se créent entre fans de The Cure et comment il est facile de nouer des amitiés avec des personnes qui, quelques secondes auparavant, étaient de parfaits inconnus.

Les minutes s'écoulent et nous parlons de notre passion pour le groupe, de nos albums préférés, de nos vies. Je lui parle de mon site et immédiatement elle consulte ma page Facebook et s'abonne pour garder une trace de notre rencontre. Vers 18h, la file avance rapidement et nous nous rapprochons du contrôle. Et avant de se perdre de vue - elle a une place en fosse et moi dans les gradins - je la pousse à me recontacter si elle prévoit d'aller voir The Cure en concert, notamment sur la tournée qui s'annonce à l'automne 2025. Une belle rencontre qui annonce une belle soirée !

Juste avant de passer les portes, une personne - travaillant certainement pour Universal Records - offre un badge à tous les spectateurs. Une petite attention qui fait son petit effet...

Contrairement à ce qu'on nous avait dit, aucune pièce d'identité ne nous est demandée à l'entrée... Une personne du staff scanne le QR code du billet et après une fouille rapide, je pénètre dans le hall du Troxy qui est assez exigu. Beaucoup de monde se presse pour accéder à la fosse de la salle. Sur le côté gauche, un petit stand de merchandising a été monté. C'est là que je perds Barbara, qui souhaite acheter le tee-shirt spécialement créé pour le concert. Pendant qu'elle attend son tour, je grimpe l'escalier central qui mène aux gradins.

Première impression : la salle est belle ! Comme l'extérieur, son architecture intérieure est Art Déco, avec des tons rose et bleu pastels, qui lui donnent un ton à la fois un peu désuet, décalé et charmant. Elle est divisée en 3 parties distinctes : une fosse, des gradins séparés en deux parties avec sur le haut des rangées de sièges et au plus près du balcon des rangées de tables. C'est là que seront postés les VIP du concert. Parmi eux, j'ai croisé/vu Tim Pope, Boy George et Simon Price, l'auteur de l'excellent Curepedia. Mais d'autres personnalités étaient apparemment présentes : Billie Joe Armstrong (Greenday), Ed O’Brien (Radiohead), Stuart Braithwaite (Mogwai), des membres de Duran Duran, Kevin Shields (My Bloody Valentine), l'acteur Pedro Pascal (qui s'est bien ambiancé... 😉).

La fosse commence à bien se remplir. Et c'est plutôt normal : un message posté dans l'après-midi par le groupe sur ses réseaux sociaux avaient insisté sur le fait que le public devait être présent pour 18h. Les gradins, dédiés aux invités, sont en revanche très clairsemés - pour ne pas dire vides - et je fais partie des premiers à prendre place. Comme sur la tournée Shows Of A Lost World, pas de musique pour faire patienter mais des bruitages de pluie et d'orage... C'est sympa mais deux heures de cette ambiance, je peux vous assurer que c'est fatiguant... N'ayant rien d'autre à faire, je me dirige vers un des deux bars en surplomb de la salle pour y commander la première pinte de la soirée... 😉

Il est maintenant 19h et les gradins commencent à être bien garnis alors que la fosse est au complet. Mon voisin de siège parle français et donc j'entame la conversation. Au bout de quelques minutes, nous nous rendons compte que nous avons des amis en commun et qu'il y a de fortes chances que nous sous soyons déjà rencontrés auparavant sur d'autres tournées. Le monde des fans de Cure est très petit... 😉

Il est presque 20 h et la tension monte d'un cran. Les spectateurs en fosse commencent à crier des "Robert !!!" et à siffler. Le concert étant retransmis en direct sur You Tube, on sait qu'il commencera pile poil à l'heure. Et effectivement, à l'heure H, les lumières s'éteignent... Enfin, pas complètement : le lustre central restera allumé tout le concert, certainement pour des raisons techniques liées à la captation.

Avant le concert, la question qui revenait le plus souvent dans la file d'attente était "vont-ils jouer l'intégralité de Songs Of A Lost World puis d'autres titres ou vont-ils mélanger les chansons ?". Car le 15 octobre, dans une newsletter, il était indiqué à propos du concert au Troxy : "It will be a very special night, featuring the new album played in full, alongside a set of classic songs & fan favourites" (Ce sera une nuit très spéciale, avec le nouvel album joué intégralement et avec des titres classiques et favoris des fans). Il faudra attendre le second morceau joué pour avoir la réponse car, sans surprise, The Cure ouvre avec Alone. Comme sur l'album, la basse et la batterie sont largement mises en avant. Et la voix de Robert Smith, incroyablement cristalline et puissante, perce à travers l'atmosphère pesante. Et ça commence mal pour Simon Gallup - vêtu d'une veste léopard - qui a un problème avec sa sangle, l'obligeant à jouer à genoux. Reeves Gabrels a bien tenté de l'aider mais sans succès : pas facile de remettre une sangle en place tout en jouant de la guitare... Mais cela n'empêche pas le bassiste de The Cure d'assurer, comme toujours, sur ce premier titre magistral qui donne le ton.

Alone

Le groupe enchaîne avec And Nothing Is Forever et on imagine que c'est tout l'album qui va être égréné pour la première partie du concert. Cela se confirme lorsque A Fragile Thing retentit. Et si la plupart des titres ont déjà eus les honneurs du live - 5 sur 8 ayant été joués lors de la précédente tournée - on découvre Warsong, Drone:NoDrone et All I Ever Am pour la première fois en concert. Personnellement, je ne les ai pas vraiment appréciées car j'ai trouvé le son de la basse de Gallup bien trop fort et écrasant tout le reste. Ce n'est qu'en revoyant la vidéo sur You Tube a posteriori que j'ai réalisé à quel point ces titres étaient bons, ma préférée étant Warsong que je trouve parfaite.

À noter que les Anglais étant... des Anglais, ça se ballade beaucoup dans les allées pour aller au bar se fournir en bière... Ce qui était parfois un peu agaçant... 😬

A Fragile Thing

Tous les membres du groupe tiennent la forme, malgré leurs âges respectables : Simon Gallup, fidèle à ses habitudes, circule de droite à gauche de la scène, Reeves Gabrels lance des sourires à Robert Smith et délivre des solos accérés, Jason Cooper frappe fort et Roger O'Donnell assure malgré ses récents problèmes de santé (le concert durera 3 heures et à aucun moment je ne l'ai vu flancher, ce qui est surtout une bonne nouvelle pour lui : c'est que ça va mieux !). À sa manière de chanter et de bouger, on voit bien que Robert Smith est heureux d'être là. En fait, le seul qui semble un peu perdu est Perry Bamonte. Bien esseulé sur le côté gauche de la scène, on ne note pas d'interactions entre lui et les autres membres... À une exception près : un sourire lancé par Reeves Gabrels. Et c'est tout...

Cette première partie du concert est incroyablement puissante. Lors de la tournée de 2022, j'avais aimé les nouveaux titres mais là je trouve qu'ils prennent une nouvelle dimension, peut-être parce que de nouveaux arrangements ont été faits. Et le groupe termine avec Endsong, incandescente et martiale. Le groupe a juste le temps de faire une petite pause backstage et pour nous d'aller faire un tour aux toilettes (merci les pintes...), et on enchaîne avec la seconde partie du show...

Endsong

Et pour ce second temps, The Cure va piocher dans ses hits en ouvrant avec une très belle version de Plainsong, enchainée avec un incroyable Pictures of You. La succession A Night Like This, Push, Inbetween Days, Just Like Heaven, From The Edge Of The Deep Green Sea, Disintegration est sublime et retourne la salle. Alors que la fosse écoute religieusement, les gradins sont debout et ça danse dans tous les sens. La sécurité a bien tenté de faire asseoir les gens mais sans succès. Ce ne sont pas 3 vigiles qui vont réussir à faire asseoir 1 000 personnes qui ont décidé de profiter de l'instant présent...

Lullaby

Pour le premier rappel, The Cure a souhaité rendre hommage à l'album Seventeen Seconds. Et c'est un vrai plaisir de retrouver ce minimalisme des débuts du groupe, avec notamment une très belle version de Secrets, sur laquelle Reeves Gabrels se met avant avec sa guitare accoustique qui sert parfaitement le titre. Et également par Roger O'Donnell se trompe de note et laisse échapper un "What ?" qu'on devine distinctement sur la vidéo 😄 . Et ce ne sera pas la dernière erreur de la soirée...

Oups... J'ai glissé chef...

Toutes les versions de ce premier rappel sont vraiment parfaites (à l'exception de cette petite faute de O'Donnell qui reste très anecdotique). Play For Today enflamme la salle et une très belle version de A Forest clôt l'ensemble avec brio. Ahhh ce son de guitare, clair et perçant... fantastique !

At Night

Puis vient le 2e et dernier rappel qu'on devine dédié aux singles, l'idée étant de faire sauter tout le monde... Et effectivement, les hits s'enchaînent : Lullaby, The Walk, Friday I'm In Love (où Robert Smith oublie les paroles, ce qui fait bien marrer Jason Cooper et surtout Roger O'Donnell qui se moque de lui), Close to Me, Why Can't I Be You? et finalement Boys Don't Cry, qui achevait déjà la plupart des concerts de la dernière tournée. Comme vous pouvez l'imaginer, et le voir sur la vidéo, ça monte crescendo pour finir en apothéose. Il est 23h et les lumières de la salle se rallument, sortant du rêve les 3 100 personnes présentes.

Alors certes, il n'y a pas vraiment eu de grosses surprises au cours de cette soirée. Pas de Apart, Fire In Cairo, Faith ou autre titre emblématique. Mais néanmoins quel plaisir de retrouver The Cure sur scène ! Et quelle ambiance ! D'autant plus que la prochaine fois qu'ils y remettront les pieds, ce sera dans un an pour, espérons-le, défendre le 2e album promis par Robert Smith (et quasi terminé si on en croit ses récentes paroles). Mais avec The Cure, mieux vaut rester prudent et ne pas trop s'enflammer...

J'aurais simplement un petit regret, qui n'a rien à voir avec la performance de The Cure : à cause de mon vol retour, j'ai dû m'échapper aussitôt le concert terminé, sachant parfaitement que Robert Smith allait venir faire un tour en mode décontracté dans les gradins et boire un verre avec les quelques happy fews restés dans la salle. J'aurais bien aimé lui poser quelques questions et prendre quelques photos... Une prochaine fois !

Pour en revenir à ce concert au Troxy, qui a duré quasi 3 heures, 31 titres ont été joués :

  • ▪️ 8 chansons de Songs of a Lost World
  • ▪️ 6 chansons de Disintegration
  • ▪️ 5 chansons de Seventeen Seconds
  • ▪️ 4 chansons de The Head on the Door
  • ▪️ 3 chansons de Wish
  • ▪️ 2 chansons de Kiss Me Kiss Me Kiss Me
  • ▪️ 1 chanson de Boys Don’t Cry
  • ▪️ 1 chanson de Japanese Whispers
  • ▪️ 1 chanson du coffret Join the Dots: B‐Sides and Rarities

Ce qui nous donne la setlist suivante :

1ère partie : Alone, And Nothing Is Forever, A Fragile Thing, Warsong, Drone:NoDrone, I Can Never Say Goodbye, All I Ever Am, Endsong
2ème partie : Plainsong, Pictures Of You, High, Lovesong, Burn, Fascination Street, A Night Like This, Push, Inbetween Days, Just Like Heaven, From the Edge of the Deep Green Sea, Disintegration
Rappel #1 : At Night, M, Secrets, Play For Today, A Forest
Rappel #2 : Lullaby, The Walk, Friday I'm In Love, Close to Me, Why Can't I Be You?, Boys Don't Cry

Le replay est toujours en ligne... profitez-en pour voir et revoir et rerevoir ce fabuleux concert !

6 thoughts on “The Cure en concert au Troxy : la chronique

  1. Pleasure to meet you! Two hours (?) queuing well spent. But the next two hours standing were indeed not easy on the feet despite nice neighbours, and after another three hours standing during the concert… I really felt my age!!!
    Rewatched the show today on YouTube and it was *really* a big treat to have so many songs from the records I love most.

  2. Merci pour ce compte- rendu. Comme j’aurais adoré être là, mais sold out dès la 1ere seconde de mise en vente, je n’ai pas eu de ticket et nous devions être des centaines sur la liste d’attente. Être invité doit être une expérience waouw ! J’ai donc vu le concert en direct via YouTube et comme tu dis, c’était très bien filmé et le son était très bon. Le concert était fantastique et lé1er rappel juste waouw, le second allait moins me plaire comme d’habitude parce que je suis une fan des titres plus anciens (Faith, etc) mais j’ai ri sur le trou de mémoire de Robert sur Friday. Au final, un excellent concert et on attend la tournée avec impatience.

  3. Un grand merci pour la qualité habituelle de vos publications.
    Quelle chance pour vous d’avoir pu assister à ce concert 🙂 Pour moi, ce fut le net et je dois dire que toutes les nouvelles chansons passent plutôt bien le cap du live. Le groupe semble soudé, heureux sur scène (mise à part l’énigme Perry). Puis ce moment Seventeen Seconds, quelle belle surprise, sans évoquer de nouveau la voix de Smith toujours aussi prenante.
    Merci et vivement la prochaine tournée !

  4. Merci pour ce compte-rendu qui complète bien la vidéo !
    (sur les quelques secondes de la vidéo sur X de Pedro Pascal, je crois reconnaître Bernard Lenoir assis juste derrière : lui aussi invité au concert ?)

  5. merci beaucoup JEFF , dommage que tu sois partir rapidement .Et une photo avec RS ou l un des membres du groupe il avait aussi Michka Assayas , dont il parle dans very good trip du lundi 04 nov ( france inter ) …..
    de mon canapé , le concert fut géniale
    vivement la tournée

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