Disintegration Deluxe Edition : la chronique
Jamais une version deluxe n’aura fait autant parler d’elle. A juste titre, Disintegration fait partie du meilleur de The Cure. Avec cet album, le groupe a atteint son apogée musicale et a rempli les stades outre-Atlantique dans une tournée marathonienne : le Prayer Tour. Bref, il y avait matière à faire un remaster de qualité cosmique, tant les « plainsong », « fascination street » et autres « untitled » étaient des titres mythiques. Pourtant, Robert Smith ne s’est pas arrêté à cela. Dans un élan de générosité rare, il a ouvert en grand les portes de ses archives et en a sorti une ribambelle de merveilles soniques et visuelles.
Quelques jours avant la sortie de cette « Disintegration Deluxe Edition », un micro-site lui a été dédié. Ce fut l’occasion pour les fans de se perdre dans de grandes crises hystériques où les termes « Robert est un dieu » ou « The Cure est le plus grand groupe du monde » revinrent en boucle. Sans exagérer, il est vrai que le site en question avait toutes les raisons de nous enchanter et d’embuer nos yeux d’enfants émerveillés. Un live tout d’abord : enregistré en Dallas en 1989 et dont la setlist (à l’identique de Entreat Plus) rend hommage uniquement à Disintegration. Le son est très bon, ça fait plaisir de retrouver la puissance scénique (et encore… on n’a pas l’image !) de The Cure. On y trouve également une bio assez réussie (mais en anglais…). Mais surtout on écarquille les yeux devant les « Alternatives Ratities », compilation bis disponible uniquement sur le net. Et c’est un véritable 4ème cd de cette deluxe edition, doté de sa propre pochette très réussie. Ajoutez à cela quelques photos (certes déjà vues et revues) et vous obtenez un bonus très appréciable.
La version deluxe est un bel objet : beau packaging, beau papier, 3 cds (contre 2 pour les versions précédentes). On se plaît à faire glisser et rouler la chose entre ses doigts. Pour les oreilles aussi, c’est plutôt très chouette. Dans l’ordre d’apparition, on trouve : l’album remastérisé, les inédits et autres raretés et finalement le live Entreat plus qui offre les titres manquants sur la version originale. Et tout ça est très cohérent. Chaque CD raconte une histoire et on passe de l’un à l’autre avec passion et intérêt. C’est un opéra en 3 actes. Et si vous avez du courage (et pas mal de temps…), suivez la logique smithienne : écoutez les inédits (dont beaucoup de démos), puis l’album, puis le live.
Niveau qualité, j’ai toujours été incapable de faire la différence entre une version normale et une version remastérisée… Désolé Robert, mais pour moi le Disintegration de 1989 et celui de 2010 c’est tout pareil (et peut-être cela va-t-il faire hurler les quelques lecteurs qui liront cet article). Les inédits sont essentiellement des démos instrumentales et c’est un plaisir d’entendre la matière brute ayant amené aux chansons finales. Et on retrouve ce fameux « Pirate Ships », ultra connu mais absent notamment du dernier « Join The Dots » où il avait pourtant largement sa place. L’intérêt réside en fait dans le live, Entreat Plus, qui comble la frustration de ne pas avoir eu avec Entreat la totalité des titres de Disintegration joués live.
Mais cette ressortie fait (encore plus) prendre conscience d’une chose moins rigolote : que c’était mieux avant. Jamais Mr Smith ne retrouvera le spleen de ses 30 ans qui a amené à l’écriture de ce joyau mélancolique qu’est Disintegration. On l’espère cet album qui mettrait tout le monde par terre… Mais faut-il encore l’attendre ? Rien n’est moins sûr. Allez… Ce n’est pas grave, pour l’instant savourons ce bonheur sonore de 1989…
Ndlr : pour les utilisateurs de facebook, sachez que vous pouvez télécharger sur la page publique de Pictures of Cure l’intégralité du premier concert parisien de Bercy de 1989.